Définition de l’anxiété
L’anxiété est un processus cognitif dans lequel l’être vivant anticipe un danger ou une menace qui n’existe pas, ou pas encore. Elle peut avoir comme origine un événement du passé, bien que ce ne soit pas toujours le cas. (À ce sujet, pensez à toutes les personnes qui ont une phobie spécifique à l’égard des avions. Combien d’entres-elles ont acquis cette peur après avoir survécu à un écrasement?)
Afin de départager le stress de l’anxiété, on peut résumer et simplifier ce qui les distingue en associant le stress au vécu physique alors que l’anxiété réfère plutôt au vécu psychologique face à un danger perçu.
L’anxiété peut être modérée et favoriser l’acquisition de nouvelles habiletés. Toutefois, si elle s’avère excessive, elle peut créer des conséquences graves, voire pathologiques.
Un concept clé : l’intensité
Il importe de comprendre que l’anxiété vécue est mesurable en termes d’intensité. Cette précision est primordiale puisque toute la réhabilitation sera construire sur cette bonne compréhension.
La situation à l’origine de l’anxiété peut être perçue comme un « défi », lequel provoque une déséquilibre chez l’animal. Si l’animal est en mesure de réussir ce défi, s’ensuit un retour à l’état d’équilibre et un gain au niveau des stratégies d’adaptation. Si le défi est trop grand, les conséquences sont une augmentation de l’anxiété, et parfois même l’émergence de pathologies.
L’éducateur qui tente de réduire le niveau d’anxiété d’un chien dans diverses situations devra donc être parfaitement conscient du niveau d’anxiété auquel le chien est capable de faire face. Il cherchera à lui faire vivre un défi qui sera suivi d’un succès et non d’un échec.
Caractéristiques et attitudes de l’éducateur en anxiété
En premier lieu, la personne qui accompagne l’animal devra posséder plusieurs caractéristiques pour conduire celui-ci vers une réhabilitation.
Pour comprendre cette nécessité, imaginez un instant une situation spécifique qui vous fasse vivre de l’anxiété. Vous avez le choix d’être accompagné par une de ces trois personnes :
1) une personne qui semble aussi inquiète que vous
2) une personne qui ridiculise votre peur et vous force à avancer malgré vos protestations
3) une personne calme, à l’écoute, qui ne vous pousse pas et avance patiemment à votre rythme
Je prends pour acquis que nous aimerions tous être accompagné de la troisième personne, n’est-ce pas? Cette métaphore s’applique à l’entraînement du chien dans un contexte d’anxiété.
L’éducateur ne doit pas se laisser envahir par ses propres émotions négatives. Un chien doté de prédispositions anxieuses (génétiques), grandissant auprès d’un maître anxieux, est susceptible de développer des problèmes d’anxiété au fil du temps.
Le même phénomène s’observe chez l’humain : le fait de grandir auprès de parents anxieux représente un facteur de risque pour le développement de trouble anxieux chez les enfants dotés de prédispositions anxieuses. (voici un document intéressant sur l’anxiété chez l’humain)
Attention, l’anxiété du maître n’est pas un facteur causal, en soi, du développement de l’anxiété chez son chien. Le fait que le maître vive de l’anxiété peut l’aider à mieux comprendre le vécu de son animal, mais il doit demeurer conscient de ses propres émotions et savoir les gérer pendant l’entraînement.
Par ailleurs, le maître qui ridiculise son animal, ou qui le force à vivre un niveau élevé d’anxiété, peut causer d’immenses torts à l’animal. Lorsque le maître ne respecte pas le niveau dans lequel l’animal est encore en mesure de réussir le défi, une perte de confiance s’ensuit. Il s’agit de la conséquence la plus néfaste de ce modèle d’intervention. Aucun être vivant n’a jamais gagné et réussi à augmenter son niveau d’adaptation par la moquerie ou la brutalité. Les méthodes coercitives, qui sont toujours à proscrire dans l’éducation, sont ici particulièrement néfastes.
La relation de confiance
Le fait d’établir une relation de confiance constitue une condition préalable essentielle à toute démarche de réhabilitation. Dans le monde de l’intervention humaine, c’est un concept que l’on apprend avant tout le reste. Pour amener le chien à avoir confiance en vous il faut faire preuve de considération, d’empathie, de sensibilité, d’ouverture, etc. Plus votre animal a confiance en vous, plus il sera enclin à vous suivre dans les situations qui suscitent de l’anxiété.
Au sujet de la relation de confiance, je vous invite à consulter la capsule vidéo réalisée par Sébastien Larabée, éducateur canin.
Est-ce que je peux réconforter un chien anxieux?
Absolument! Mais il faut s’entendre sur la façon de « réconforter ». Il existe à mon avis, une façon saine de réconforter un animal et une façon nuisible. Si « réconforter » est synonyme de prendre votre chien dans vos bras dès qu’il vit un peu d’anxiété, de vous éloigner de la source d’anxiété à toutes jambes en vous écriant: « pauvre coco d’amour, tu as eu peur!!! », vous causez du tort à votre animal, bien malgré vous. Vous risquez d’augmenter son anxiété et de lui envoyer le message qu’il n’était pas en état de faire face au défi que proposait la situation.
Par contre, si vous voyez que votre animal vit de l’anxiété, que vous vous éloignez sans paniquer, que vous l’amenez à retrouver l’équilibre, que vous le récompensez pour ses efforts pour faire face au défi, alors, oui, il est tout à fait convenable de le réconforter.
On peut de nouveau faire un parallèle avec les enfants. Si mon fils a peur de quelque chose, j’éviterai de le prendre et de me sauver en courant en lançant d’un ton affolé : « pauvre chou d’amour, oh mon dieu! » et en dramatisant. Je vais plutôt l’amener à prendre un peu de distance pour qu’il retrouve son calme, puis l’aider à réaliser que tout va bien et que, lorsqu’il sera prêt, nous pourrons réessayer.
Quelques conseils dans la rééducation d’un chien anxieux:
- Développez d’abord une relation de confiance avec votre animal.
- Suivez le rythme de l’animal et adaptez le défi pour qu’il soit suivi d’un succès.
- Soyez patient.
- Faites faire des séances d’exercices physiques à l’animal avant chaque séance d’intervention.
- Lorsque l’animal vit un stress, ce n’est pas le moment de lui demander de s’asseoir et de rester sur place. Le fait de bouger lui permet de diminuer une certaine dose d’anxiété.
- Parfois il est nécessaire de combiner médication et thérapie.
Si vous observez que votre animal devient de plus en plus anxieux, consultez sans tarder un professionnel et demandez-lui de vous expliquer l’approche qu’il préconise.