Sur la photo : Stella, chien Togo et sa maman. Crédit photo : Valérie Beausoleil. Article écrit par Gabriel Larivière et révisé par Joëlle Beauséjour.
Pourquoi adopter un animal qui va un jour mourir?
Notre organisme, Les chiens Togo, éduque des chiens d’assistance. Notre expertise est au niveau de l’assistance psychologique : trouble du stress post-traumatique, trouble du spectre de l’autisme, trouble d’anxiété généralisée, etc. Certains de nos chiens accompagnent des adultes et d’autres, des enfants. L’âge minimum pour obtenir un chien Togo est de 6 ans afin de diminuer les risques d’incidents. De plus, une référence de la part d’un professionnel de la santé et une évaluation des interactions chiens-enfants sont obligatoires pour participer à notre programme. Nous avons plusieurs critères d’admissibilité et nous refusons plus souvent des demandes de chiens que nous en acceptons (enfant trop brusque, parents qui ne supervisent pas, attentes irréalistes, etc.). Chaque entraînement est fait sur mesure et nos chiens ne sont jamais entraînés d’avance. Ils sont éduqués selon les besoins de la famille ou de la personne qui formule une demande pour un chien Togo.
Lorsque nous éduquons un chien pour un enfant, la question suivante est souvent relevée: « N’est-ce pas une mauvaise idée d’offrir un chien Togo à un enfant quand on sait qu’un jour celui-ci devra faire le deuil de son animal? » Voici un article qui propose en guise de réponse, quelques pistes de réflexion.
Tout ce qui vit meurt un jour.
Une première certitude est que l’enfant qui accueille un chien Togo et qui développera une relation d’attachement avec son animal vivra plusieurs deuils au cours de sa vie. Cet enfant vivra fort probablement la perte de ses grands-parents, le deuil d’oncles et de tantes et même éventuellement, la perte de ses parents. Ainsi, le deuil de l’animal n’est qu’un deuil parmi plusieurs deuils que celui-ci vivra au cours de sa vie.
Voici donc la question à se poser : « Est-ce que nous devrions priver l’enfant de contact avec ses grands-parents et les gens qu’il aime, parce qu’un jour ceux-ci risquent de mourir? » Bien sûr que non. En réalité, le deuil fait partie de la vie. Nous pensons aussi que cette perte et les souffrances qui l’accompagnent méritent d’être vécues quand on considère tout ce que cette relation aura su apporter de positif dans la vie de cet enfant/adolescent/adulte. Ce deuil se révèlera une occasion d’apprentissage, du fait que le deuil fait partie de la vie et que la vie continue, même après le départ d’un être cher.
Évidemment nos humains de chiens Togo savent que la présence d’un chien n’est pas une solution miracle et n’est qu’un « moyen » parmi d’autres moyens étant mis en place pour augmenter leur qualité de vie. Nos humains de chiens Togo sont tous suivis par un thérapeute et celui-ci pourra accompagner la famille, la personne et l’enfant aux travers des étapes de ce deuil.
Le deuil
1— Le deuil lors d’un décès
Le deuil se définit comme une période de vie suivant le décès d’un proche où tristesse et souffrance seront présentes.
La perte d’un être cher nous affecte émotivement avec toute l’intensité de l’attachement que nous avions pour cette personne. Ainsi, nous devons maintenant assumer le fait que cette personne ne sera plus présente, que nous ne la reverrons plus. Nous venons de réaliser que notre chemin se continuera sans celle-ci et cela nous attriste profondément, nous insécurise et nous choquera également.
Ce deuil peut se vivre de différentes façons, certaines meilleures que d’autres, selon chaque personne et situation. Toutefois, il y a une constance, un retour en arrière est impossible. Qu’on le veuille ou non, nous devrons vivre cette période de tristesse avec les moyens que nous possédons pour y faire face.
2— Lorsque le deuil signifie laisser-aller devant un changement non prévu
Parfois, nous parlerons également de « deuil » pour définir une période de transition à la suite d’un changement majeur. Habituellement, cela implique que nous devrons « laisser-aller » quelque chose qui n’est plus possible ou réalisable. Par exemple, des plans de retraite soudainement rendus impossibles dus à la maladie ou la fin de relation de longue date…
Souvent, ce changement sera soudain et imprévu. C’est ce qui lui confère toute l’intensité du choc. En effet, nous avions parfois planifié depuis des années de faire ou réaliser quelque chose. Nous y avions mis temps, énergies et économies. Puis soudainement, tout s’effondre. S’en suivra donc une période d’abandon, de découragement, de grande tristesse et de colère également. Nous devrons faire un « deuil » de ce plan de vie.
3— Ce qui peut rendre un deuil encore plus difficile à faire
Que ce soit à la suite de la perte d’un être cher ou de l’abandon d’un rêve, il s’en suivra une période difficile émotivement et psychologiquement. Notre capacité à faire face à cet événement sera influencée par de nombreux facteurs. Nous savons aussi que s’il y a des conditions préexistantes, que ce soit dû à la santé mentale ou d’autres facteurs psychologiques, ce travail de deuil pourra être encore plus difficile à faire. Le besoin de support sera alors plus important afin de pouvoir recréer un équilibre de vie qui nous permettra de cheminer vers notre rétablissement.
4— Les étapes du deuil
Il existe un « chemin du deuil » que différentes études ont permis de tracer. Bien qu’aucun deuil ne soit pareil, c’est-à-dire qu’il variera en intensité et durée selon chaque personne et situation, il y a un profil général qui demeure.
La première étape est évidemment celle du choc. L’événement n’était possiblement pas prévu. Il survient sans avertissement, ni temps de préparation. Nous ne pouvons qu’y être confrontés après coup et devons, dès lors, en assumer les conséquences.
À ce stade, il y aura souvent du déni, où l’on refuse d’accepter l’événement. C’est aussi souvent ici que l’on dira que la personne est en « choc ». Elle semble complètement détachée de la réalité et se retrouve plongée vers l’intérieur, dans ce tourbillon émotif.
Habituellement s’en suivra la colère. Comme nous constatons que nous ne pouvons indéfiniment renier l’événement, nous y réagissons alors avec colère, sentiment d’injustice et parfois de culpabilité. Cette phase se veut d’une grande intensité et difficile à vivre.
S’en suit la phase d’expression du deuil. C’est ici que toutes les émotions prennent place et que l’on voudra/tentera de l’extérioriser. À ce moment, on vit un trop-plein et on tente par tous les moyens de ne pas s’y noyer. C’est aussi souvent à ce moment qu’il y aura une sorte de période de « négociation ». Nous tenterons, bien que cela soit impossible, de remplacer l’événement initial en créant de nouveaux scénarios où je tente d’y changer quelque chose. C’est en quelque sorte une façon de tenter de remédier à l’évènement, mais surtout, à la douleur qui s’en suit. Ainsi, si je peux modifier ce qui est survenu, je n’aurai peut-être pas à faire face à toute cette douleur.
Devant l’impossibilité d’y changer quoi que ce soit, viendra alors la période de dépression. Je suis alors pleinement plongé dans la crise, amoindri sous la douleur et je tente simplement de survivre. Tout alors devient très difficile à réaliser. Je n’ai que très peu d’énergie, que ce soit physiquement, mentalement ou psychologiquement. Ce sera une grande période de renonciation, de crainte de ne plus jamais pouvoir en revenir. Évidemment, ici, comme dans les phases précédentes, l’isolement sera souvent présent. La tendance naturelle sera souvent de se renfermer, mais cela devient aussi un piège dans lequel on s’y prend.
Vient enfin la période d’acceptation. Après toutes ces phases, tous ces émotions, pensées et scénarios, j’en arrive à la conclusion que je n’y peux rien et que la vie, ma vie, va continuer. Cela ne veut pas dire que je suis « OK » avec les événements ou que ceux-ci ne m’affectent plus, mais je me suis résolu à les laisser-aller, à poursuivre ma vie et à reprendre plaisir à le faire en me disant que d’autres choses seront possibles. J’accepte donc la situation, non pas en oubliant le passé, mais en choisissant de m’impliquer à nouveau dans ma vie et mon avenir.
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