La peur des chiens chez l’enfant

Article rédigé par Noémie Labbé-Roy, bachelière en psychoéducation et directrice de l’organisme Les chiens Togo qui transforme des chiens abandonnés en chiens d’assistance.

La peur des chiens et l’âge de l’enfant

D’abord, il faut savoir que certaines peurs sont dites « normales » selon le stade développemental dans lequel évolue l’enfant. À titre d’exemple, on peut s’attendre à ce qu’un enfant de 3 ans puisse avoir peur du noir et il ne serait pas recommandé de se précipiter chez un expert de l’intervention des troubles anxieux pour cette raison. Par contre, un enfant de 13 ans, incapable d’aller au cinéma sans hurler de terreur parce que les lumières y sont tamisées aurait une peur dite « anormale » pour son stade de développement. Dans le cas de la peur des chiens, l’âge de l’enfant est donc toujours à considérer.

Ainsi, il n’y a aucune inquiétude à avoir si votre jeune enfant n’est pas à l’aise avec les chiens. Je surprends parfois les parents qui me consultent à ce sujet en leur disant que je trouve plutôt sain et rassurant qu’à 2-3 ans, leur enfant garde ses distances lorsqu’il croise un chien sur la rue. Ceci étant dit, la réaction du parent face à cette peur plutôt « normale » est importante pour la suite des choses.

Si votre enfant a plus de 6-7 ans et qu’il réagit de manière excessive à la vue d’un chien (en criant, en pleurant, se sauvant ou en faisant une crise) il pourrait être indiqué de vous référer à des professionnels afin d’éviter qu’une phobie spécifique se développe et perdure à l’âge adulte.

Respecter le rythme de l’enfant sans dramatiser

Lorsque votre enfant démontre de l’anxiété face aux chiens, deux attitudes sont à bannir. D’abord, il faut éviter de le forcer brusquement à s’approcher du chien. Plusieurs parents ont le réflexe de dire à leur enfant que le chien qui est devant eux et qu’ils ne connaissent aucunement est « gentil ». À mon avis, c’est un danger. Prenons comme exemple la réaction des parents lorsque la famille croise un étranger sur la rue. Il est rare que nous encouragions notre enfant à se lancer dans les bras de cette personne inconnue. D’autre part, il serait inapproprié de pointer les étrangers du doigt en disant qu’ils sont dangereux. Il est donc souhaitable de dire la vérité : nous ne connaissons pas ce chien alors nous n’allons pas l’approcher aveuglément.

Il serait aussi contre-productif de ridiculiser la peur vécue par l’enfant. Cela ne ferait qu’augmenter son niveau d’anxiété. La meilleure attitude à avoir est de rester calme, zen et de ne pas se préoccuper du chien que l’on croise sur la rue. Ce n’est pas auprès des chiens inconnus que votre enfant devrait apprendre à socialiser avec les canidés. En effet, il est souhaitable d’exposer son enfant à des chiens calmes et non agressifs et laisser ceux-ci se découvrir et s’apprivoiser à leur rythme. Ceci étant dit, toujours sous une supervision des adultes.

Toujours superviser les interactions du chien et de l’enfant

Il arrive parfois que des enfants en bas âge soient excessivement attirés par les chiens. C’est à mon avis encore plus dangereux que le comportement inverse. Même si un chien a été éduqué convenablement et ne démontre aucun signe d’agressivité, il s’agit d’un animal. En effet, même pour un chien très calme, le fait de voir arriver un enfant qui court vers lui en le fixant, en criant avec les bras dans les airs et qui soudainement lui saute dessus peut être très anxiogène pour le plus « gentil » des toutous. La réaction du chien dans cette situation reste imprévisible.

Plusieurs parents s’attendent à ce que le chien se comportement convenablement en présence des enfants, mais l’inverse est tout aussi vrai. Il existe des règles pour le chien : ne pas mordre, ne pas sauter sur l’enfant, rester calme, etc. Il existe aussi des règles pour l’enfant : ne pas tirer la queue, ne pas pincer, ne pas crier, ne pas taper le chien, etc.