La zoothérapie

Le terme « zoothérapie » et ses limites

Rédigé par Noémie Labbé-Roy

L’université m’aura appris au moins une chose : l’importance de conserver un regard critique quant aux différentes approches proposées pour intervenir auprès des personnes en difficulté. Bien que je travaille depuis longtemps avec les chiens pour intervenir auprès des gens, je préfère utiliser les termes « ateliers psychoéducatifs » au mot « zoothérapie », parce que je ne suis pas à l’aise avec cette notion, mal définie dans le monde de l’intervention sociale.

D’abord, j’ose le dire, la zoothérapie n’est pas une science ou une discipline validée empiriquement. Après avoir réalisé plusieurs projets de maîtrise sur le sujet, j’ai été en mesure de constater qu’il n’existe aucune norme, ni définition commune de ce qu’est la zoothérapie et que très peu d’études crédibles offrent des précisions sur les bienfaits de la zoothérapie. Pour moi, cela représente un danger. Cela signifie que n’importe qui peut faire n’importe quoi. Ce vide laisse place aux charlatans dans le monde de la zoothérapie.

De plus, pour moi le chien représente un moyen et non une fin, surtout dans l’intervention. Il peut constituer un moyen de fournir des occasions sociales, de sortir de l’isolement, de diminuer le niveau d’anxiété vécu, d’acquérir des habiletés, etc.

À titre d’exemple, lorsque je suis en Centre jeunesse et que je propose une activité avec un chien, je dois faire une évaluation de la clientèle, de ses besoins et mettre en place un objectif général et des objectifs spécifiques à atteindre lors de mes interventions. Il ne s’agit pas simplement d’amener un chien dans un local et de prétendre ainsi aider les jeunes. Pour moi, le chien est alors un moyen concret d’amener le jeune à atteindre des objectifs tels que d’augmenter l’estime de soi en lui apprenant à effectuer des tâches et à assumer des responsabilités face à l’animal. J’ai déjà animé des ateliers sur les habiletés sociales dans lesquelles les enfants observaient les interactions entre deux chiens, puis étaient amenés à discuter de leurs propres compétences sociales. Encore là, il s’agissait d’un moyen, rien de plus, rien de moins. Dans ce cas, le moyen utilisé est un chien, mais il pourrait aussi être un ballon, un jeu de rôle ou tout autre moyen d’amener le jeune à vivre un défi adapté à ses besoins.

Bien sûr, il est facile de constater que plusieurs d’entre nous sourions spontanément à la vue d’un chien et que les interactions positives avec cet animal nous procurent des moments de bonheur, une impression de soulagement, du plaisir, etc. C’est vrai que souvent, la simple présence d’un chien fait du bien, beaucoup de bien. Est-ce pour autant une approche scientifique ? Une intervention valide et adéquate? Absolument pas. Plusieurs études rapportent que la présence d’un chien peut faire diminuer le niveau d’anxiété, mais que cela dépend du contexte. Si vous êtes à la recherche d’un moment de détente, que vous aimez les chiens et que vous pouvez en flatter un, il est probable que votre niveau d’anxiété diminue. Par contre, imaginez un instant que vous devez faire votre rapport d’impôt et que Fido ne cesse de venir vous demander de l’attention et de vous importuner. Qu’arrive-t-il alors avec votre niveau d’anxiété ? Il ne s’agit pas de magie. Il faut faire attention, surtout quand on lit des études en lien avec la diminution de la tension artérielle lors de la présence d’un chien en cours d’expérimentation, et garder en tête dans quelles circonstances l’étude a été réalisée. Il faut aussi se questionner sur les autres variables en cause lors de l’expérience.

Les étudiants en provenance d’écoles de zoothérapie n’aimeront probablement pas mon article, mais il faut bien comprendre le contexte de mon propos. Je pense sincèrement que plusieurs zoothérapeutes font un excellent travail et aident parfois la personne en difficulté encore plus qu’un autre professionnel provenant d’un ordre professionnel. Cela étant dit, la zoothérapie n’a pas de valeur scientifique et pour cette raison, il faut rester critique quant à cette approche.

Je le répète, plusieurs zoothérapeutes font un excellent travail.

Quoi vérifier quand on vous propose des  services de zoothérapie ?

Vous êtes d’un Centre de santé et de services sociaux ou travaillez dans un établissement à la recherche d’un professionnel qualifié pouvant venir dans votre milieu accompagné d’un animal ? Voici quelques critères à vérifier pour vous assurer d’obtenir un service de qualité :

  • vérifier la formation professionnelle et académique de la personne qui offre les services
  • consulter les références reçues par d’autres clients pour les services rendus par cette personne
  • vérifier le contenu de chaque séance prévue de zoothérapie
  • connaître les objectifs généraux et spécifiques à atteindre lors des séances de zoothérapie
  • obtenir de l’information détaillée sur l’animal qui sera introduit dans le milieu
  • questionner la personne sur son expérience en intervention auprès de la population visée
  • vérifier la présence éventuelle de personnes souffrant d’allergies aux chiens et les conditions à mettre en place le cas échéant.

N’hésitez pas à poser des questions et assurez-vous que la personne vous offre des activités qui prennent en considération les caractéristiques du milieu et de la clientèle qui le fréquente.