Petit récit du quotidien par Julie Poitras, bénévole. (révision Johanne Labbé)
Mon conjoint et moi avons un labrador nommé Charlot qui fait partie de notre famille depuis 3 ans. Charlot est un super chien, doux, patient, affectueux, qui aime les gens et les caresses. Il a l’air d’un gros toutou! Son pelage caramel et brillant ainsi que ses belles dents blanches ne laissent personne indifférent. Par contre, comme tout chien, et toute personne, parfois il n’a pas envie de caresses, ou il préfère la solitude, rester seul dans son coin, se reposer, sans nécessairement être flatté. À la maison, nous tenons à respecter ces moments durant lesquels Charlot aime son indépendance. Nous retenons alors notre envie de lui donner de l’affection et des caresses et le laissons vivre son moment.
Les labradors sont très connus et populaires auprès des humains. D’ailleurs, selon certaines sources, le labrador est la race de chien la plus populaire au Québec. Aux États-Unis, selon L’American Kennel Association, le labrador retriever se retrouve aussi en première position.
Bien que je sois la première « fan » de cette race, je pense que l’amour inconditionnel des gens envers les labradors comporte certains risques. La plupart des enfants que l’on croise lors des promenades, ou lorsqu’on va en boutique pour animaux, veulent s’approcher de lui et tentent de le flatter. La plupart des parents ne nous demandent pas la permission, et laissent l’enfant s’approcher de Charlot. En sachant que mon chien est doux et très sociable, je les laisse s’approcher tout de même, tout en étant attentive au non verbal de mon chien et à ses signaux de malaise. Les gens prennent pour acquis que, puisque c’est un labrador retriever, cela signifie automatiquement qu’il a envie de se faire flatter et qu’il n’est pas dangereux. L’autre jour, une dame a dit à son fils en regardant Charlot : « va le flatter, c’est un labrador, c’est toujours gentil les labradors! ». Or, cela m’inquiète car on prend pour acquis le comportement du chien selon sa race.
Une autre fois, une mère est en vélo avec sa fille. Je me promène avec Charlot, et la fillette dit vouloir flatter le chien. La mère me demande la permission. La petite fille est un peu envahissante, elle le flatte beaucoup au niveau du visage, un peu brusquement, en secouant ses oreilles. Je vois déjà que Charlot montre des signaux de malaise. Il tourne son visage, cligne des yeux, se lève pour aller plus loin, etc. La fillette le suit plus loin et recommence à nouveau. Je lui dis d’y aller plus doucement car mon chien n’apprécie pas ce genre de caresse. Elle continue malgré tout, et mon chien continue à démontrer ce genre de signaux d’inconfort. J’explique alors à la mère que c’est suffisant pour aujourd’hui et que mon chien ne semble guère apprécier. Comme si on prenait pour acquis que le chien pouvait se laisser flatter de n’importe quelle façon sans se fatiguer! Ce n’est pas parce c’est un labrador qu’il est patient lors d’excès et qu’il endurera ça indéfiniment. Je ne suis pas certaine que la mère aurait laissé l’enfant flatter mon chien et s’approcher de son visage si c’était, par exemple, un pitbull. Ici on parle plutôt de préjugé « positif ». Il faut garder à l’esprit que tout chien peut avoir besoin de son propre espace, sans nécessairement être flatté et caressé en tout temps et de n’importe quelle manière, et ce, toute race confondue.
De plus, je pense qu’il est très important que tout propriétaire de chien soit attentif aux comportements non verbaux de son ami à quatre pattes, à ses signaux d’inconfort. Nous ne devons pas hésiter à informer la personne qui désire entrer en contact avec notre chien de ce qu’il aime ou n’aime pas. Si la personne est inadéquate dans sa façon de faire, dans sa façon de le flatter ou dans ses mouvements, afin d’éviter le pire, le mieux à faire est de simplement quitter et de continuer la promenade…