Chiens abandonnés au Québec : un portrait désolant
Article rédigé par Cassandra Patenaude, étudiante au baccalauréat en psychoéducation de l’Université de Montréal, bénévole pour Les chiens Togo (révisé par Johanne Labbé rédaction)
Au Québec, environ un demi-million d’animaux sont abandonnés chaque année. Ces chiffres sont cinq fois plus élevés que ceux de la France alors que sa population est neuf fois plus élevée que la nôtre. Beaucoup de ces animaux seront euthanasiés, faute de leur avoir trouvé une famille d’adoption.
Dans une entrevue donnée par un employé de la SPCA (source: https://www.ababord.org/A-la-SPCA-on-aura-tout-vu) on apprend que parfois, le matin, une trentaine de personnes attendent en ligne à la porte du refuge afin d’y abandonner leur animal de compagnie. De plus, des chiens sont quotidiennement retrouvés sur des terrains vagues, dans les parcs canins, les abribus, les métros et les logements vides. Les chiens qui sont ensuite adoptés reviennent souvent 2-3 ans plus tard dans les locaux de la SPCA, abandonnés une seconde ou une troisième fois.
L’organisation américaine « Animal Legal Defense Fund » dit à propos du Québec, qu’il est le paradis de la cruauté animale. Notre province est classée dernière au Canada en matière de protection des animaux et atteint des records de taux d’abandon en Amérique du Nord. Elle serait la seule à ne pas avoir de législation en ce qui a trait à la prévention de la cruauté animale et serait la capitale nationale d’usines à chiots.
Les causes de l’abandon
Une partie du problème d’abandon résiderait dans le fait que les animaux sont vendus sans information, sensibilisation ou livret expliquant les responsabilités qu’implique l’achat d’un animal. De plus, les animaux sont vendus sans qu’il y ait de vérification des compétences des gens à en prendre soin. En d’autres mots, n’importe qui peut adopter un animal et en faire à peu près n’importe quoi.
Les chiens sont généralement abandonnés entre l’âge de 7 mois et de 2 ans, période qui correspond à l’adolescence chez les canins. C’est aussi durant cette période que les chiens ont le niveau d’énergie le plus élevé qu’ils auront à vie. Le petit chiot adorable qui a tant été aimé jadis est devenu un adolescent excité qui teste les limites à répétition et qui a beaucoup d’énergie. Plusieurs familles réalisent alors qu’elles ne sont pas en mesure de répondre aux besoins de l’animal et, faute de connaissances sur l’éducation canine, abandonne l’animal.
De plus, il est difficile de résister à un petit chiot dans la vitrine d’une animalerie et le risque d’adoption sur la base d’un coup de tête est élevé. On réalise ensuite que l’animal a des besoins, qu’il doit être éduqué, vacciné, stérilisé et que tout cela coûte des sous. Le fait que plusieurs propriétaires ne font pas stériliser leur animal engendre un problème grave de surpopulation. Plusieurs chiens sont euthanasiés chaque année parce que les propriétaires ont des difficultés d’argent, sont allergiques, manquent de temps ou parce que l’animal n’est pas éduqué convenablement.
Quelques pistes de solution
Heureusement, il existe quelques solutions afin de diminuer le taux d’abandon au Québec. D’abord, il est important de sensibiliser la population à l’importance de bien choisir son animal en fonction de notre personnalité, de la sienne et des besoins qu’il requiert. (Voir l’article Comment choisir la race de chien.)
Il serait également judicieux d’interdire la vente d’animaux en animalerie, laquelle encourage certainement la problématique des usines à chiots au Québec.
Il serait aussi intéressant d’encourager davantage la population à adopter des chiens abandonnés. Par contre, plusieurs refuges n’offrent pas de suivi à la suite de l’adoption d’un chien et les nouveaux maîtres peuvent alors se sentir dépassés face au défi que représente l’animal abandonné, notamment en raison de certaines difficultés comportementales.
Il serait souhaitable que chaque refuge propose des consultations gratuites au besoin, afin d’enseigner aux familles de bonnes stratégies d’éducation pour qu’elles soient en mesure d’aider le chien. Sans quoi plusieurs chiens adoptés en refuge sont à nouveau laissés pour compte après quelques semaines. Les frais engendrés par le retour de l’animal au refuge pourraient être épargnés en investissant dans un service de consultation d’entraîneurs qualifiés. Ainsi, tout le monde y gagnerait.
Il va sans dire qu’une stratégie de prévention de l’abandon efficace consisterait à faire stériliser les animaux et à prendre connaissances de l’ampleur des responsabilités que leur achat implique.
Ensuite, il est crucial de préciser que la plupart des troubles de comportements peuvent être résolus avec l’aide d’un éducateur canin. Discuter avec un vétérinaire peut être un point de départ pour l’obtention de références et d’aide à ce sujet.
De plus, le site de la Ville de Montréal dispose d’une section Gestion Animalière offrant de l’information sur plusieurs sujets d’intérêt (ABC du propriétaire, réglementation, identification et permis animalier, stérilisation, etc.). La consultation de ce service peut être fort utile pour les propriétaires et futurs propriétaires d’animaux.
Enfin, étant donné qu’un nombre important d’abandons est relié aux déménagements et au fait que les gens ne peuvent avoir d’animaux dans la plupart des appartements, un mouvement de la SPCA a été lancé. Ces intervenants demandent à ce que les propriétaires ne se voient plus accorder le droit d’interdire les chiens dans les appartements.
Des chiens abandonnés entraînés en chiens d’assistance
L’organisme Les chiens Togo a pour mission d’offrir à des chiens abandonnés une seconde chance à la vie grâce à une formation leur permettant de devenir des chiens d’assistance, tout en procurant à des personnes souffrant d’un handicap physique ou psychique l’assistance d’un compagnon canin.
Parmi les 500 000 animaux abandonnés chaque année au Québec, il est évident que plusieurs chiens possèdent le potentiel de devenir d’excellents chiens d’assistance pour des personnes ayant un handicap physique/moteur, des familles ayant des enfants avec un trouble du spectre de l’autisme ou des troubles anxieux (TAG, TSPT, phobie sociale, agoraphobie, troubles du sommeil, etc.).
Lorsqu’une famille doit se départir de son chien, elle peut contacter le refuge Les chiens Togo et demander une évaluation comportementale de l’animal. Si celui-ci réussit les tests, le chien sera alors entraîné selon un protocole précis, puis placé dans une famille ayant des besoins particuliers. Dans le cas où l’animal ne correspond aux critères de sélection, nous aideront la famille à trouver un endroit où relocaliser l’animal.
Pour plus de renseignements, visitez : www.leschienstogo.com/.
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